Plutôt l’école que “bonne” à Casa…
Depuis plusieurs années, je parcours le Moyen et Haut Atlas marocain situés bien au sud de la ville de Fez, dans la région de Kénifra et de Meknès. Ces contrées sont constituées d’immenses plateaux et de vallées rocheuses semi-désertiques parsémées de villages qui longent les rivières. Elles ne suscitent guère l’attention des autorités, vu leur peu d’intérêts économiques. La majorité des habitants cultivent les champs, travaillent dans de petits ateliers et parviennent à vivre sans grands moyens financiers dans la simplicité.
J’y ai découvert des populations nomades et semi-nomades d’origine berbère. Elles entretiennent depuis des siècles leur singularité et leur culture malgré la présence des Arabes. Lors de nos rencontres, j’ai récolté des contes, des légendes et des récits de vie dont j’ai tiré un recueil :
«Contes et Mémoire berbères »
Ces histoires leur appartiennent, elles font partie de leur culture et tout porte à croire qu’elles disparaîtront dans un futur très proche sous l’impact de la civilisation occidentale sur leur mode de vie. En 2024, elles devraient être traduites en langage « amazir » (ou berbère) par un professeur de l’université de Errachidia, et ensuite intégrer les archives de ces tribus berbères.
Mais nous avions l’intention d’aller au delà de la simple conservation. Avec mes amis instituteurs, nous avons eu l’idée de lancer un projet de scolarisation. En effet, au terme de leur formation primaire, des jeunes adolescentes de l’école d’« Aït Haddou » retournent, soit dans leur vallée, soit elles se retrouvent comme « bonne » dans une famille bourgeoise d’une grande ville.
Pour permettre à une ou plusieurs écolières d’intégrer le collège, nous prévoyons de leur fournir le matériel scolaire nécessaire pour une année d’étude. Les élèves seront sélectionnées par les professeurs et le comité de parents sur base de leur motivation et de leur parcours scolaire. À ce jour, nous pouvons d’ores et déjà annoncer que deux jeunes filles pourront entrer au collège de Benit-Tadgit en septembre prochain grâce à la vente du livre. D’autres actions en cours d’élaboration devraient perpétuer le projet.
Si ce projet d’éducation des filles vous tient à cœur, d’une part n’hésitez pas à acquérir le livre et d’autre part faites-le nous savoir en prenant contact par courriel afin de vous tenir informer de la suite.
Merci d’avance pour elles. Au départ, le fonds est alimenté par une partie du produit de la vente du livre.
Christian Gobyn-Degraeve, auteur. Talha Mohammed , instituteur à l’école de Aït Haddou.